Maaike Goris a été choisie comme première lauréate d’une bourse de doctorat belge consacrée à la recherche sur la maladie de Parkinson. Cette bourse de doctorat FWO-DPC vise à encourager davantage de chercheurs en début de carrière à s’intéresser à la maladie de Parkinson afin d’accroître l’activité scientifique axée sur cette affection neurodégénérative en pleine expansion.

Lancé en 2023 par la Demoucelle Parkinson Charity et le FWO – Fonds Wetenschappelijk Onderzoek, le programme de bourses a commencé par inviter les chercheurs des universités flamandes à poser leur candidature. Il sera étendu plus tard aux chercheurs des universités francophones.

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Pouvez-vous vous présenter ?     

Bonjour, je m’appelle Maaike Goris. J’ai 24 ans et j’habite à Louvain. En 2022, j’ai terminé mes études en sciences de la réadaptation et en physiothérapie avec une spécialisation en réadaptation neurologique à la KU Leuven. Je travaille actuellement comme doctorante au sein du Parkinson’s Rehabilitation Research Group (www.PRO-Labo.be) sous la supervision du professeur Moran Gilat à la KU Leuven.

Je suis une personne motivée et enthousiaste qui aime passer du temps avec ses amis et sa famille, courir, découvrir de nouvelles choses et voyager. Outre mes intérêts pour la recherche, je suis fière d’être membre de l’équipe nationale de patinage synchronisé « Team ice united ». Avec l’équipe, nous nous entraînons 10 heures par semaine pour nous préparer aux prochaines compétitions internationales, ce qui est une expérience inoubliable.

Pouvez-vous décrire votre projet de recherche doctorale ?

Le gel de la démarche (‘freezing of gait’ ou FOG) est un symptôme très invalidant de la maladie de Parkinson (MP) par lequel les patients perdent soudainement la capacité de faire un pas en marchant ou en tournant, ce qu’ils expriment souvent comme si leurs pieds restaient soudainement et involontairement collés au sol. Il est inquiétant de constater que la FOG est la principale cause de chute chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

La prise en charge médicale actuelle est insuffisante pour soulager la FOG, d’où la nécessité d’améliorer les traitements. L’un des principaux obstacles au développement de traitements est notre incapacité à mesurer la FOG de manière précise, rapide et peu coûteuse, compte tenu de sa nature épisodique et hétérogène. En effet, la plupart des FOG se produisent au domicile des patients, alors que l’étalon-or clinique exige que des experts notent les épisodes de FOG à partir de vidéos de patients effectuant des tâches de marche standardisées en laboratoire. Cette méthode est coûteuse et l’enregistrement vidéo des patients pose des problèmes de confidentialité. L’avenir réside donc dans l’évaluation technologique du FOG à partir de capteurs portables installés au domicile des patients.

Dans le cadre de ce projet, je souhaite remédier à l’insuffisance de l’évaluation du FOG, en validant tout d’abord, l’utilisation d’animations de « personnages allumettes » par rapport à la vidéo pour résoudre les problèmes de confidentialité et de mobilité lors de l’évaluation du FOG à domicile. Deuxièmement, je validerai un nouvel algorithme d’apprentissage profond basé sur l’intelligence artificielle pour évaluer le FOG à domicile et j’étudierai sa réactivité vis-à-vis des médicaments et les différentes façons dont le FOG peut s’exprimer. Troisièmement, je déterminerai les signatures corticales du FOG à l’aide de l’électroencéphalographie ambulatoire (EEG) qui pourrait permettre une détection précoce du FOG, même quelques secondes avant qu’un épisode de gel ne se produise. Cela améliorera la détection du FOG et conduira au développement de nouvelles thérapies.

Pouvez-vous expliquer comment ce projet contribuera à notre compréhension de la maladie de Parkinson ?

Ce projet a deux objectifs principaux :

  • Premièrement, il s’agit de rendre la détection des épisodes de gel plus précise et plus rapide. Trouver un meilleur moyen de détecter les épisodes de gel permettra de développer de nouvelles méthodes de traitement.
  • Deuxièmement, j’étudierai ce qui se passe dans le cerveau juste avant et pendant un épisode de gel et comment ces signatures neuronales changent lorsque les personnes sortent d’un épisode. Ces nouvelles connaissances permettront de mieux comprendre la physiopathologie du gel de la marche dans la maladie de Parkinson et pourront ensuite être utilisées pour de futures méthodes de traitement, telles que le développement de stratégies adaptatives pour aider les patients à surmonter, ou idéalement à prévenir, l’apparition d’épisodes de gel.

Pourquoi voulez-vous faire de la recherche sur la maladie de Parkinson ?

En tant que kinésithérapeute neurologique, mon objectif est toujours d’aider les personnes atteintes d’affections neurologiques à maintenir ou à améliorer leur fonctionnement quotidien et à avoir une bonne qualité de vie. Au cours de mes stages cliniques, j’ai eu l’occasion de travailler avec de nombreuses personnes atteintes de la maladie de Parkinson qui luttaient contre un blocage de la marche. Le fait d’être témoin de leurs difficultés m’a donné envie de les aider, surtout après avoir appris qu’il n’existait pas de traitement efficace pour ce symptôme très répandu et très débilitant. En outre, pendant cette période, j’ai réalisé que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson sont exceptionnellement reconnaissantes et motivées. Travailler avec elles a été une expérience immensément gratifiante, et je suis profondément déterminée à les aider en fusionnant mon expertise clinique et mon expertise en matière de recherche.

Avez-vous eu une expérience personnelle avec des patients atteints de la maladie de Parkinson et quel impact cela a-t-il eu sur vous ?

Heureusement, je suis l’une des rares personnes qui, avant mes études, ne connaissait personne dans son entourage proche atteint de la maladie de Parkinson. Ce sont les patients extrêmement sympathiques que j’ai rencontrés au cours de mes années d’internat qui ont eu un impact très  profond sur moi. Le fait d’observer, comment la maladie de Parkinson affecte si profondément tant de personnes, m’a vraiment motivé à approfondir la question et à explorer ce que je peux faire de mieux pour les aider. Au cours de l’année écoulée, j’ai eu le privilège de faire la connaissance de nombreuses autres personnes atteintes de la maladie de Parkinson, chacune m’ayant laissé une impression durable qui a encore renforcé ma motivation. Je suis donc très reconnaissante de pouvoir mener ces recherches et de poursuivre ma mission pour aider ces patients.

Quelle différence cela fera-t-il pour vous et votre recherche de recevoir cette bourse de doctorat ?

Je suis très honoré de recevoir cette bourse. C’est une validation du travail acharné, que mon équipe de supervision et moi-même, avons consacré à la conception et à l’exécution de ce projet, au cours de la période écoulée. Sans le soutien de cette bourse, il n’aurait pas été possible de mener à bien l’ensemble du projet sous toutes ses facettes. En particulier, deux des trois modules de travail n’auraient pas été réalisés sans cette bourse, qui fait donc une réelle différence pour moi et pour le travail de notre groupe dans son ensemble. Plus important encore, elle me donne l’occasion de fournir un moyen précis, rapide et peu coûteux de détecter le gel, qui stimulera la conception de nouvelles méthodes de traitement pour aider les personnes atteintes de la MP, ce qui, à mes yeux, est tout ce qui compte !

Enfin, quelle est votre citation préférée ou votre conseil de vie ?

Mon père m’a toujours dit : « Tu ne peux pas manger un éléphant entier en un jour, mais si tu le divises en petits morceaux, tu finiras par y arriver« . C’est quelque chose que j’essaie vraiment d’appliquer dans ma vie.

Lorsque les choses deviennent difficiles et accablantes, j’essaie simplement de diviser le gros éléphant en morceaux et je peux alors travailler étape par étape pour atteindre mon objectif. C’est un conseil précieux de mon père, qui s’est toujours vérifié jusqu’à présent et que je mettrai à profit dans les années à venir pour mener à bien cette recherche.