Gen Li, doctorant au VIB–KU Leuven Center for Brain & Disease Research, a été sélectionné comme deuxième bénéficiaire d’une bourse de doctorat belge axée sur la recherche sur la maladie de Parkinson.
Lancé en 2023 par l’association caritative Demoucelle Parkinson Charity en collaboration avec le Fonds voor Wetenschappelijk Onderzoek (FWO), ce programme de bourses vise à encourager davantage de scientifiques en début de carrière à mener des recherches sur la maladie de Parkinson afin d’accroître l’activité scientifique consacrée à cette affection neurodégénérative en pleine expansion.
Pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour ! Je m’appelle Gen Li, j’ai 28 ans et je viens de Tianjin, une ville côtière du nord de la Chine, près de Pékin. J’ai obtenu mon bachelor en pharmacie à l’Université médicale de Harbin (HMU), puis mon master en pharmacologie au Peking Union Medical College (PUMC) et à l’Université Tsinghua (TSU).
Au cours de mes études, j’ai acquis une solide formation en sciences de la vie, alliant théorie et pratique. Poussé par ma curiosité et ma passion pour les neurosciences, j’ai choisi de me spécialiser en neuropharmacologie, afin de comprendre les mécanismes moléculaires à l’origine des maladies neurodégénératives. Ces trois années de formation rigoureuse m’ont permis de renforcer mes compétences en biologie moléculaire, culture cellulaire et modèles animaux (souris et rats).
J’ai également eu l’occasion d’effectuer un court séjour de recherche à l’Université Ludwig Maximilian de Munich (Allemagne), où j’ai étudié les mécanismes liés à la C9orf72 dans les maladies ALS/FTD (sclérose latérale amyotrophique et démence frontotemporale). Cette expérience a enrichi mon adaptabilité et confirmé ma vocation scientifique.
Actuellement, je poursuis un doctorat au Laboratoire de Membrane Trafficking (VIB–KU Leuven Center for Brain & Disease Research), sous la supervision du Prof. Wim Annaert.
En dehors du laboratoire, je suis une personne optimiste et motivée. J’aime voyager, faire de la photographie, du running et du patinage sur glace, des activités qui m’aident à rester actif et à garder l’esprit clair.
Pouvez-vous décrire votre projet de recherche doctorale en termes simples ?
Des mutations dans le gène VPS13C (ou PARK23) sont associées à plusieurs maladies à corps de Lewy, notamment la maladie de Parkinson à début précoce et la démence à corps de Lewy. Ces troubles neurologiques partagent de nombreux symptômes — comme les difficultés motrices et les pertes de mémoire — mais diffèrent dans leur évolution. Nous ignorons encore comment des mutations dans un seul gène peuvent provoquer de telles différences cliniques.
La protéine VPS13C agit comme un pont entre différentes structures internes des cellules, notamment entre le réticulum endoplasmique (l’usine à lipides de la cellule) et les lysosomes (les centres de recyclage des déchets cellulaires). En transférant les lipides entre ces compartiments, VPS13C aide à maintenir leur bon fonctionnement et donc la santé globale de la cellule.
Lorsque ce gène est muté, ce système se dérègle peu à peu, entraînant un stress cellulaire et des dégâts neuronaux.
Dans mon projet, j’étudie des cellules nerveuses humaines et des microglies (cellules immunitaires du cerveau) qui présentent soit un VPS13C normal, soit une version mutée du gène. En comparant leur comportement, j’essaie de comprendre comment ces mutations perturbent la communication entre les organites et affectent la santé et l’énergie des cellules.
Mieux comprendre ces changements précoces pourrait expliquer pourquoi les cellules du cerveau dégénèrent et aider à identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour ralentir ou prévenir la maladie.
Comment votre projet contribue-t-il à la compréhension de la maladie de Parkinson ?
En étudiant des cellules cérébrales dérivées de cellules souches humaines portant ou non des mutations du gène VPS13C, je cherche à comprendre comment apparaissent les premiers dysfonctionnements cellulaires dans la maladie de Parkinson.
Je m’intéresse particulièrement à la manière dont VPS13C aide les cellules à maintenir en bon état leur système de recyclage (les lysosomes) et leur centrale énergétique (les mitochondries). Quand cette communication se rompt, les déchets et protéines endommagées — notamment l’alpha-synucléine, qui s’accumule dans la maladie de Parkinson — ne sont plus correctement éliminés, provoquant stress et mort cellulaire.
En révélant ces premiers changements, ma recherche aide à relier les mutations génétiques aux mécanismes de dégénérescence neuronale. À long terme, ces connaissances pourraient guider le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques pour restaurer la santé cellulaire et ralentir la progression de la maladie.
Pourquoi avez-vous choisi d’étudier la maladie de Parkinson ?
Mon prénom Gen (qui se prononce comme « Reagan » en chinois) m’a été donné par mon père, admirateur de l’ancien président américain Ronald Reagan. Quand j’ai appris que Reagan avait souffert de la maladie d’Alzheimer, son histoire m’a profondément marqué et a éveillé ma curiosité sur le fonctionnement du cerveau — et sur les raisons pour lesquelles il cesse parfois de fonctionner correctement.
Plus tard, j’ai rencontré des personnes vivant avec la maladie de Parkinson. Leurs tremblements incontrôlables, leurs pertes de mémoire et d’autonomie m’ont profondément touché. J’ai pris conscience de la gravité de ces maladies neurodégénératives et de l’urgence de trouver de meilleurs traitements.
Avec le vieillissement de la population, le nombre de patients atteints de Parkinson ne cessera d’augmenter. En tant que jeune neuroscientifique, je ressens une responsabilité personnelle de contribuer à la compréhension de cette maladie, dans l’espoir qu’un jour notre recherche permettra un diagnostic plus précoce et des thérapies plus efficaces.
Avez-vous une expérience personnelle avec des patients atteints de Parkinson ?
Oui. Pendant mes études, j’ai visité une maison de retraite où j’ai rencontré plusieurs personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Ce fut ma première rencontre directe avec des patients. J’ai aussi un proche souffrant de cette maladie, ce qui m’a permis d’en comprendre l’impact de façon plus personnelle.
Voir leurs mains trembler et leur autonomie diminuer m’a profondément marqué. J’ai compris à quel point ces maladies affectent non seulement les patients, mais aussi leurs familles. Ces expériences ont renforcé ma détermination à explorer les mécanismes biologiques de ces maladies et à contribuer, même modestement, à la recherche de nouveaux traitements.
Que représente pour vous la bourse doctorale FWO–Demoucelle Parkinson Charity ?
C’est un immense honneur de recevoir cette bourse. Elle représente non seulement une reconnaissance personnelle, mais aussi celle du travail et du soutien de mon superviseur et de notre équipe de recherche.
Cette bourse m’apporte la stabilité financière nécessaire pour me consacrer pleinement à ma recherche, sans me soucier des dépenses quotidiennes. Les fonds alloués me permettent également de réaliser des expériences plus avancées, de tester de nouvelles approches et de collaborer à l’international lors de conférences et projets.
Au-delà de l’aspect pratique, cette bourse est une grande source de motivation. Elle me donne la confiance et l’indépendance nécessaires pour poursuivre mes travaux sur VPS13C et les maladies à corps de Lewy avec encore plus d’ambition.
Quel est votre dicton ou conseil de vie préféré ?
Mon dicton préféré est une phrase chinoise que mes parents me répètent souvent :
« 但行好事, 莫问前程 », ce qui signifie :
« Fais de ton mieux, et le futur s’occupera du reste. »
Cela me rappelle de me concentrer sur ce qui est juste et significatif, sans trop m’inquiéter des résultats ou de la reconnaissance. Tant que je fais preuve de travail honnête et de bienveillance, les résultats viendront d’eux-mêmes. C’est une philosophie que je garde avec moi, dans la vie comme dans la recherche.
The Demoucelle Parkinson Charity is very grateful to the National Bank of Belgium
for its support as lead contributor to this initiative.




